L'un des obstacles rencontrés est que le corps enseignant n'ayant pas été sensibilisé à ces nouvelles technologies, il est peu réceptif ou adaptable. Ainsi, même s'ils ne sont pas hostiles, les enseignants ne participent pas autant que l'espéraient les concepteurs du module. C'est d'autant plus problématique qu'ils pourraient intervenir à de multiples étapes de la construction de l'enseignement multimédia :
Pour l'instant, les enseignants ont peu d'imagination et le contenu reste très proche de ce qui existe déjà sur papier, mais l'avenir s'annonce prometteur.
Les étudiants sollicitent énormément les tuteurs. Il arrive souvent que ceux-ci ne sachent pas répondre si ce n'est pas la matière de leur spécialité, mais les étudiants savent bien quelle est la spécialité de chaque tuteur. Parfois des étudiants considèrent que le tuteur doit tout savoir, ils n'apprécient pas que ce dernier regarde la réponse à une question pour lui expliquer pourquoi il a faux.
Pour se préparer, les tuteurs doivent assister avant à une autre séance et regarder toutes les questions et les réponses. C'est plus difficile à préparer qu'un TD car on sort de sa spécialité et il faut s'attendre à des questions surprenantes de la part des étudiants.
En principe ils n'ont pas d'accès à Internet depuis leur poste. En pratique seuls ceux qui s'y connaissent en informatique y ont accès.
Ils sont motivés et travaillent, mais au bout d'une heure ils commencent à se fatiguer. Il y a une bonne assiduité (environ 20 à 25 sur 32) mais elle diminue à l'approche des examens. Ils sont très motivés par les tests, même si ceux-ci ne comptent pas pour la note finale.
Ils considèrent les séances APAF comme des TD classiques. Mais ils s'entraident, échangent plus, posent des questions... Chacun avance à son rythme et cela ressemble du coup à une multitude de cours particuliers en parallèle. Les étudiants osent facilement poser des questions. Le fait que le tuteur ne soit pas un enseignant titulaire y est probablement pour quelque chose.
La plupart des séances sont des séances d'exercices. Quelques unes sont des séances de cours. Les cours hypertexte sont de bonne qualité, mais malheureusement trop denses par rapport au temps dont les étudiants disposent pour les consulter.
Dans les séances de cours et d'exercices, il peut y avoir des simulations. Les étudiants adorent les simulations. Elles leurs permettent d'apprendre en s'amusant et de visualiser des choses difficiles à représenter sur un tableau, par exemple un schéma dans un espace à quatre dimensions. Si on enlevait les simulations du module, celui-ci perdrait quasiment tout son intérêt. On peut regretter qu'il y en ait relativement peu.
Le travail personnel fourni par les étudiants en cours de séance est sensiblement plus important que celui qu'ils fournissent en TD. Alors qu'en TD beaucoup ne viennent que pour prendre la correction, dans ce module ils se sentent plus volontiers acteurs.
Un bémol est tout de même exprimé : le manque de support papier. C'est vrai aussi bien pour les tuteurs qui voudraient un polycopié que pour certains étudiants qui voudraient garder une trace écrite à la fin de la séance.
Faut-il diminuer les horaires des TD en faveur du module APAF ? Les avis sur ce point sont très partagés.
Nous avons rencontré un certain nombre d'étudiants à trois occasions. D'une part, lors de la réunion de la commission pédagogique. D'autre part lors d'une réunion réunissant tuteurs, enseignants et représentants des élèves afin de faire une mise au point sur le but et le fonctionnement du module. Enfin, nous avons rencontré deux groupes d'étudiants lors de leur séance APAF.
C'est la grande préoccupation des étudiants. Ils craignent d'être notés sur les matières vues dans le module (physique, chimie, biologie...), ce qui conduirait à une double notation pour ces matières. Les enseignants conviennent qu'il faut noter la capacité à utiliser l'outil hypermédia plutôt que les compétences dans ces matières.
On se retrouve alors face aux problèmes suivants :
Une solution pourrait être de proposer des exercices faciles au niveau de la matière, mais demandant de chercher une information dans un hypertexte.
Un sondage réalisé par les enseignants montre que 99 % des étudiants estiment que le module APAF leur a apporté quelque chose dans la compréhension des cours et des TD. Afin d'avoir plus de détails sur leurs sentiments, nous sommes allés à leur rencontre pour leur demander d'exprimer librement leur avis.
De façon générale, les étudiants aiment les tests, les illustrations et les animations. Le lexique qui accompagne les tests de biologie est très apprécié. Il aiment aussi pouvoir travailler à leur rythme, ce qui est plus facile pendant une séance APAF qu'au cours d'un TD.
Ils pensent que ces séances sont complémentaires à celles de travaux dirigés. Un avantage certain est l'ambiance bien plus décontractée. Ainsi, ils peuvent dialoguer entre eux et se donner le temps de comprendre une correction plutôt que de la copier à la hâte. Par ailleurs, il se sentent en confiance avec le tuteur qui est proche d'eux. Ils n'ont pas l'impression d'être jugés.
Contrairement aux apparences, bien qu'ils soient seuls devant leur écran, ils se sentent moins isolés qu'en TD où ils ont le sentiment d'être « bâillonnés ».
Ils trouvent que l'hypertexte est supérieur au texte ordinaire lorsqu'ils savent exactement quel est le point qui leur pose problème ou le sujet qu'ils désirent approfondir. Pourtant, la hiérarchisation des concepts et la navigation ne sont pas pour eux des notions familières. Ils ne savent pas ce qu'ils sont sensés faire lorsqu'ils sont mis en face d'un hypertexte : le contrat didactique n'est pas clairement défini pour cet exercice.
Ils trouvent que les réponses qui accompagnent les test sont plus complètes et plus structurées que celles qu'ils peuvent avoir en TD. Nous pensons que ceci peut être dû, au moins en partie, à l'effet de peer review : les enseignants font un plus grand effort de présentation quand ils savent que leur travail sera largement diffusé parmi les autres enseignants.
À l'heure actuelle, ils ne sont pas capables de faire un bilan de leur progression. Quoi qu'il en soit, ils pensent qu'il ne faut pas remplacer les TD par ce module. Ils conviennent qu'il est utile de travailler chez soi. Pourtant, on constate qu'ils ne vont pas aux séances de libre service quand ils en ont la possibilité.
Les étudiants ont la possibilité de garder une trace électronique de ce qu'ils ont fait. Cette trace se présente sous la forme d'un fichier au format Word appelé rapport qu'ils peuvent sauver sur disquette et imprimer à leurs frais. Le fichier pouvant facilement atteindre 3 Mo s'il contient des images, il peut être nécessaire de le compresser avant.
Une autre façon d'utiliser ces disquettes serait d'avoir des machines en libre service. Apparemment il y en a à la bibliothèque universitaire à certains horaires. Ce serait mieux si les étudiants pouvaient accéder en libre service aux mêmes ressources que pendant la séance, mais c'est impossible car il faut un logiciel spécifique.
Par ailleurs, certains considèrent qu'il y a trop d'exercices par rapport à la durée de la séance. Ceux qui prennent le temps de regarder l'hypertexte sont donc pénalisés sur la note obtenue en fin de séance. Bien que cette note n'ait qu'une valeur indicative, elle motive les étudiants.
Les tests sont accompagnés d'un commentaire automatique qui dit si la réponse est bonne ou mauvaise. Si la réponse est mauvaise, il est sensé donner la bonne. Ces commentaires automatiques marchent mal. Il arrive que le programme réponde toujours « c'est très bien » et note 0/4. Il arrive aussi qu'on ait des points sans répondre. Si une réponse est orthographiée en majuscules le programme considère qu'elle est fausse.
L'aide en ligne est peu utile. Il est plus pratique de demander de l'aide au tuteur.
Les cours hypertexte sont trop touffus et il est facile de s'y perdre.
Il faudrait que les étudiants puissent accéder à Internet depuis leur poste. Ce n'est pas encore le cas à cause de problèmes de sécurité non résolus. Les étudiants n'ont pas encore de boîte aux lettres personnelle pour la même raison. Seuls les enseignants et les tuteurs ont une boîte aux lettres.
Les élèves aimeraient avoir plusieurs types d'exercices de niveaux différents. Ils aimeraient aussi que ce module soit étendu à d'autres matières, en particulier aux mathématiques et aux statistiques.